Racisme et santé mentale : un espace de parole pour les femmes francophones racisées

Ce samedi 31 mai, à la Cité francophone d’Edmonton, la FRAP a tenu un atelier marquant sur un sujet encore trop souvent invisibilisé : l’impact du racisme sur la santé mentale des femmes racisées. Présentée par Ama Dogbefou et financée par la Fondation pour les communautés noires, cette activité a offert un espace de confiance, d’écoute et de libération de la parole. Des femmes francophones venues de divers horizons ont partagé leurs vécus, leurs blessures, et leurs stratégies de résilience.

Un atelier nécessaire, un besoin urgent d’écoute

L’atelier a débuté par une clarification essentielle : il n’existe pas un racisme, mais plusieurs formes : individuel, institutionnel, et intériorisé. Chacune a des répercussions profondes sur la manière dont les femmes racisées perçoivent leur valeur, leur avenir, et leur santé mentale.

Les échanges ont très vite révélé que ce que l’on appelle pudiquement “micro-agressions” constitue souvent une accumulation de micro-traumatismes : des regards fuyants dans le transport en commun, des refus de reconnaissance des diplômes étrangers, des humiliations dans les services publics, des propos blessants ou condescendants dans les écoles, les hôpitaux, ou même au sein de nos propres communautés.

« On m’a dit d’oublier mon doctorat, de tout recommencer. Comme si ma vie avant le Canada ne comptait pas. »

Des blessures invisibles aux conséquences bien réelles

Au fil des témoignages, un mot est revenu sans cesse : le choc. Le choc de se sentir nié, de devoir prouver sa valeur sans cesse, de se heurter à des murs d’incompréhension ou de suspicion. Pour certaines, cela se traduit par de la dépression, de l’anxiété, une perte d’estime de soi, de la peur, voire un retrait social.

« J’ai travaillé 12 ans comme conseillère psychosociale. Mais ici, je n’ai pas su m’aider moi-même. »

Certaines femmes ont également évoqué le poids de l’autoracisme, ce mécanisme par lequel on intègre les stéréotypes négatifs à son propre sujet, au point de rejeter sa culture, sa langue, son nom, voire ses propres pairs.

Ce que l’on retient : résistance, solidarité et stratégies de guérison

Malgré l’intensité des récits, une énergie lumineuse s’est dégagée de cette rencontre : la volonté de ne pas se laisser définir par la douleur. Les participantes ont proposé ensemble des pistes concrètes pour résister, guérir et avancer.

Voici quelques enseignements clés issus des échanges :

  • Rester focalisée sur ses objectifs et ses raisons d’immigrer, pour donner un sens à son parcours malgré les obstacles.

  • Se socialiser et parler, pour sortir de l’isolement et trouver écho et soutien dans d’autres récits.

  • Refuser d’intérioriser les discriminations : prendre du recul, comprendre les différences culturelles, poser ses limites.

  • Valoriser son identité, reconnaître ses compétences, ses forces et sa légitimité.

  • Briser la barrière linguistique en explorant des ressources alternatives comme le bénévolat dans des milieux anglophones ou les bibliothèques communautaires.

  • Créer des ponts intercommunautaires, en dépassant les discriminations internes au sein même des communautés racisées.

« Nous sommes fortes. Si nous avons eu le courage de tout quitter, nous avons aussi la force de bâtir ici. »

Et après ?

Malgré l’intensité des récits, une énergie lumineuse s’est dégagée de cette rencontre : la volonté de ne pas se laisser définir par la douleur. Les participantes ont proposé ensemble des pistes concrètes pour résister, guérir et avancer.

Voici quelques enseignements clés issus des échanges :

  • Rester focalisée sur ses objectifs et ses raisons d’immigrer, pour donner un sens à son parcours malgré les obstacles.

  • Se socialiser et parler, pour sortir de l’isolement et trouver écho et soutien dans d’autres récits.

  • Refuser d’intérioriser les discriminations : prendre du recul, comprendre les différences culturelles, poser ses limites.

  • Valoriser son identité, reconnaître ses compétences, ses forces et sa légitimité.

  • Briser la barrière linguistique en explorant des ressources alternatives comme le bénévolat dans des milieux anglophones ou les bibliothèques communautaires.

  • Créer des ponts intercommunautaires, en dépassant les discriminations internes au sein même des communautés racisées.

Cet atelier n’était que le premier d’une série. Les femmes présentes ont exprimé un désir clair de continuer à explorer ces sujets, de bâtir des cercles de parole, de partager des ressources et de renforcer leur pouvoir d’agir.

La FRAP remercie toutes les participantes pour leur confiance, leur vulnérabilité et leur engagement.

Parce que guérir du racisme, ce n’est pas oublier, mais créer des espaces où la parole se libère, où l’on se reconnaît dans l’autre, et où l’on retrouve ensemble notre puissance.

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Nous reconnaissons que nous nous trouvons sur le territoire traditionnel du Traité no 6, terre des peuples autochtones, notamment les Cris, les Dénés, les Nakotas Sioux, les Métis et les Ojibwés. Nous respectons les liens profonds et durables que ces nations entretiennent avec ce territoire et nous rendons hommage à leurs aînés, passés et présents, ainsi qu'aux générations futures. Nous nous engageons à honorer l'esprit de réconciliation et à travailler en partenariat avec les peuples autochtones pour bâtir un avenir inclusif et respectueux.

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